Compte rendu – Trail des Templiers 2020 OFF

Compte rendu – Trail des Templiers 2020 OFF

Trail des templiers – 75 km 3000D+ – Millau

Appelons-la Désirée…

Attendre ce moment depuis des mois… Apprivoiser la distance, les entraînements, travailler sa fatigue et son mental. Eh non… depuis quelque temps, ma vision du sport a bien changé et même si Facebook m’a bien rappelé il y a quelques jours que mes débuts en course à pied ne datent que des derniers hivers, il s’en est passé des choses depuis… J’ai renoué avec l’effort physique comme à mes débuts, quand je n’étais encore qu’une enfant, le sport n’est pas une fin en soi, non, c’est mon état d’être. J’ai longtemps eu honte de ce que j’étais ; aujourd’hui, je n’ai plus peur de dire que, oui, le sport est au centre de ma vie. Quand je me déplace en ville c’est en courant, pas pour perdre des calories ou améliorer ma rapidité, non, juste parce que je trouve ça normal de ne pas perdre de temps à marcher… Oui, je multiplie les activités sportives et non, je n’en fais pas trop, vos barrières ne sont pas les miennes, faites du sport et ayez une activité physique, votre état d’être et vous ne vivrez plus ça comme une douleur ou une souffrance.

Après ces quelques lignes de bla-bla avec moi-même, si on passait au contenu qui vous intéresse vraiment ?

Pour ceux qui ont la flemme de lire (je vous comprends, 75 km à raconter ça fait quelques mots à aligner), vous avez la possibilité d’écouter directement sur mon podcast Je suis une aventure le premier hors-série avec le compte rendu des templiers off, vous pouvez aussi vous faire plaisir à lire et écouter les deux, j’ai volontairement donné deux axes à ce compte rendu : une même course mais racontée différemment =)

Pour la petite histoire, j’étais initialement inscrite pour les 110 km des Templiers, la course a été annulée à cause de la Covid ; j’ai donc été reportée sur la course de 75 km, annulée aussi quelques semaines après. J’en avais marre de consommer des prépas depuis plusieurs mois sans aller au bout et finir par courir les distances. C’était donc décidé : coûte que coûte, je prendrai le départ de cette course dans son format 75 km.

Par chance, mon amie Océane s’est proposée pour assurer mon assistance aux trois points de ravitaillement initialement prévus sur la course. Je pars donc l’esprit plutôt tranquille, je ne manquerai pas de nourriture =) J’avais également reçu plusieurs mails de l’organisation des Templiers nous indiquant les points de ravitaillement en eau dans les villages que nous devions traverser.

Départ pour Millau le samedi après-midi, il fait un temps magnifique, je n’ai pas réellement conscience de ce que je vais faire demain, on papote beaucoup dans la voiture avec Océane… de tout sauf de la course.

Arrivées à notre Airbnb, on prend le temps de s’installer. Je prépare le repas, à base de pommes de terre, patates douces, œufs et quelques haricots verts, léger… mais vu mes repas des derniers jours je ne manque pas d’énergie ! Je commence enfin à regarder comment fonctionne la balise GPS pour le suivi et ma montre Garmin pour la cartographie… Oui, tout au dernier moment et sans le moindre stress…

Océane fait un dernier point sur mes lieux de passage, il est déjà 22 h 30, il serait temps de se reposer un peu, demain le réveil sonne à 4 h 30. Départ « officiel » 5 h 30.

Départ « officiel » 5 h 30

3 heures – Réveillée par un ventre dérangé… J’entends les grognements de mes intestins… Je retrouve le sommeil mais reste quand même perplexe à propos de ces crampes qui m’arrivent subitement à l’estomac.

4 h 30 – Le réveil sonne. J’attrape mon portable, réponds à quelques messages d’encouragement reçus et traîne un peu au lit. Océane est déjà debout et me demande si elle me prépare un café, je lui réponds « oui » machinalement mais je sens quand même que mon ventre n’est pas en forme… Après 15 minutes à procrastiner sur mon téléphone, je me lève et commence à me préparer. Océane est déjà presque prête. J’enfile mon micro-short à fleurs, plusieurs épaisseurs pour couvrir le haut du corps. Je me sens de moins en moins bien, je cours aux toilettes… Pliée en deux par une douleur ventrale… Comment je vais faire ? Je n’arrive même pas à tenir debout, et, bien sûr, j’ai oublié la boîte de Smecta qui m’accompagne normalement partout, au cas où. Elle n’a jamais servi, du coup, je venais de l’enlever… Je trouve quand même au fond de mon sac fourre-tout un sachet rescapé de la boîte.

5 h 14. – Je prends la seule et unique dose de médicament en ma possession en espérant tenir bon assez longtemps.

5 h 18 – On prend la voiture en direction de la zone de départ.

5 h 28 – On se gare à seulement quelques mètres du départ, Océane est avec moi. Nous sommes quelques coureurs sur place, une petite quinzaine, tout au plus, mais je vois déjà au loin les frontales de coureurs déjà sur le parcours.

5 h 31 – Je suis prête… Océane est avec moi, elle compte faire quelques kilomètres pour m’accompagner. La musique des templiers résonne dans un smartphone, une fusée d’artifice décolle…

3, 2, 1… C’est parti, un pied devant l’autre, on se retrouve à l’arrivée !

0 à 5 km – Les premiers kilomètres, on court sur le bitume, Océane est avec moi, on voit rapidement le petit chemin qui mène à la longue ascension qui m’attend, je fais un dernier coucou à Océane et continue mon chemin, seule. J’enclenche tout de suite mes bâtons et me voilà partie à affronter les D+ qui m’attendent sur les prochains kilomètres. Deux coureurs me dépassent et continuent à courir. Je relance à la course dès que le terrain est plus praticable, mais rapidement la marche devient pour moi nécessaire. Je suis suivie par trois filles dont une avec un chien qui me passe entre les jambes environs toutes les 10 secondes, ça commence à m’agacer. J’ai de plus en plus chaud malgré la température négative et mon ventre me donne des petites sueurs froides… Exaspérée par le va-et-vient du chien, je me décale sur le côté et laisse passer les filles et les quatre garçons qui les accompagnent. Je reste seule sur le chemin à la lueur de ma frontale, je prends mon rythme et, malgré un ventre tiraillé, j’avance…

5 à 10 km – J’arrive enfin sur le plateau, je relance, plusieurs coureurs me doublent, j’ai du mal à trouver un bon rythme. Je décide de prendre mes écouteurs – ce qui ne m’arrive jamais habituellement – mais là, dans ce froid et ce noir j’ai besoin de me sentir portée. Je sélectionne Ben Mazué – Nous deux contre le reste du monde – et me voilà partie rechargée à bloc, cette musique me fait l’effet d’une bombe et mon sourire revient. Je galope tellement que je me trompe de chemin, je fais rapidement demi-tour grâce à ma montre ; c’est à ce moment-là que je croise Nassir qui me demande comment je peux courir avec un short dans un tel froid, il est accompagné de Benoît, Cyrille et Nicolas. On échange quelques banalités, ils me demandent combien de temps j’ai prévu pour la course, je leur dis 12 heures, ils ont compris que je voulais arriver à 12 heures, soit moins de 6 heures de course… Méchant quiproquo ! Mais on ne l’a compris qu’après, j’imagine qu’ils ont dû me prendre pour une folle : à mon allure, un tel temps était juste impossible !

10 à 15 km – Un magnifique lever de soleil pointe, on s’arrête pour prendre les premières photos, chacun prend la pose devant l’horizon qui se pare de couleurs magnifiques… Je finis presque par oublier mon ventre toujours tiraillé, s’ensuivent plusieurs kilomètres avec des vues toutes plus belles les unes que les autres…

15 à 20 km – Les arrêts photo se succèdent… On prend le premier ravitaillement en eau dans un magnifique petit village, je pense y voir Océane mais au moment où j’ai cette pensée je reçois une jolie photo de cookies… Bon, j’en déduis qu’elle en est au petit-déjeuner et que je ne la verrai pas dans ce village.

20 à 30 km – Je ne quitte pas le petit groupe des quatre garçons, on a la même allure, et surtout ils sont aussi bavards que moi ! Chacun de nous prend le relais en tête pour relancer ou donner la bonne allure sur le chemin. Les kilomètres passent, c’est juste du bonheur.

30 à 40 km – J’ai un appel en panique d’Océane : « Paupau, ça va ? — Euh… oui, je cours, pourquoi ? — Ta balise, elle bouge plus, je te vois plus, t’es où ?  — Kilomètre 31, j’arrive, ne t’inquiète pas ! »

On commence à avoir sacrement chaud, on enlève quelques couches, les garçons en profitent pour manger un morceau de chocolat à l’orange qui leur donne des ailes sur la course.

Nous voilà arrivés dans le village de St-André-de-Vézines. Océane est là et nous attend. J’avais précuit des patates douces, c’est un bonheur de les avoir sur le ravito ! Je prends quelques carrés de chocolat et des bananes séchées. Les garçons mangent un sandwich. Nassir prend même le temps d’ôter ses chaussures. On reste un petit quart d’heure dans le village. Les garçons rechargent en eau et nous voilà repartis.

On recroise Océane quelques kilomètres plus loin, la Twingo garée dans un petit chemin de fortune… Elle nous attendait pour faire un bout de chemin avec nous, je pense qu’elle ne se doutait pas du nombre d’arrêts photos que l’on pouvait faire sur le parcours… Mais en même temps c’était tellement beau !

40 à 50 km – On arrive à La-Roque-Ste-Marguerite. Nouveau point d’eau, j’en profite pour recharger ma poche à eau, les garçons finissent leur deuxième sandwich et nous repartons pour grimper de nouveau… On arrive rapidement sur un plateau et on relance, on semble encore tous très frais et Benoît nous annonce que nous sommes des marathoniens… Je reçois un message d’Océane… une photo de cookies ! Prochain ravito c’est cookies !!! Ça nous donne des ailes et on presse le pas pour arriver à sa rencontre. À Peyreleau ce sera cookies, Coca, patates douces et chocolat pour nous régaler ! Et c’est reparti !

50 à 60 km – On a ralenti le pas… On marche beaucoup, même sur les faux plats, je commence à sentir la fatigue venir, mon cœur ralentit et la fatigue est de plus en plus présente, je somnole plus ou moins, je trouve que les kilomètres s’allongent… Je suis dans cet état du 50 au 55e km environ. À partir de là, je décide de prendre le début de la file et de me remettre à trottiner, Nico emboîte tout de suite le pas, les trois autres garçons arrivent aussi. Je retrouve vite la pêche et je suis de nouveau en pleine forme ! On arrive à l’avant-dernier point haut du parcours, l’organisation est là avec du Coca, les garçons reprennent une pause. Je ne dis rien mais mon ventre commence sérieusement à m’embêter, et je finis par être un peu agacée d’attendre les garçons qui prennent des pauses à rallonge. Je ne dis rien et m’en veux d’avoir de telles pensées alors qu’ils me supportent depuis le début. Sans eux, je ne serais sûrement pas aussi bien. Je vois que Nicolas a lui aussi envie d’en finir avec la course, on reprend le chemin et Cyrille, Benoît et Nassir nous emboîtent le pas.

60 à 70 km – Nicolas est en pleine forme et commence à bien envoyer dans la descente. Moi, j’ai le ventre qui me plie de plus en plus en deux… Il m’attend régulièrement. À 65 km, on arrive au dernier point bas, notre dernier ravito avant les dix kilomètres qui nous séparent de la fin. Un organisateur nous avertit que si l’on veut on peut finir par la route… Pas question ! Il reste 10 km on va les faire quoi qu’il en coûte ! Il annonce aussi 2 h 30… Quand même 2 h 30 pour faire dix bornes, il exagère… On retrouve Océane complètement gelée dans sa voiture, on avale les derniers cookies et on convient avec Nico de poursuivre la course tous les deux en laissant Cyrille, Nassir et Benoît finir ensemble. On part du ravito au moment où ils arrivent. On a enfilé une veste et la frontale, il va bientôt faire nuit.

La dernière montée est vraiment raide, mais le coucher de soleil sur le viaduc de Millau est tellement beau… Il nous aura fallu plus de 1 h 15 pour manger les 5 km de côtes… Il fait nuit noire, je suis vraiment contente de finir avec Nico. Seule, je n’aurais vraiment pas été rassurée dans ces bois et les maisons en ruine !

70 à 75 km – On voit les lumières de la ville de Millau, nous ne sommes plus très loin. Encore une belle descente et c’est déjà la fin. Mis à part ce ventre complètement hors service, je suis en pleine forme, j’ai le sourire à chaque instant. On continue à courir dès que le terrain nous le permet, je me sens à ma place. Malgré ce mal de ventre, je ne cesse jamais de m’alimenter chaque heure et, depuis le début, je mange les barres que j’ai dans mon sac, c’est ce qui me permet d’avancer, je le sais.

Il nous reste encore 4 km… Nous arrivons à une grotte où je retrouve le groupe de filles de ce matin, on traverse la grotte, laissant les filles derrière nous, et… je me casse lamentablement la figure sur les deux genoux contre un caillou. Plus de peur que de mal. Allez, on va les finir ces derniers kilomètres, et en courant ! Enfin quand mon ventre me le permet…

J’entends le rire d’Océane… Un dernier virage, sous la lumière et la musique de téléphones portables, nous voilà arrivés accompagnés par des applaudissements chaleureux… On l’a fait, c’est bon, on a fini ! Je suis juste HEU-REU-SE, aucune douleur, aucun souci… mon ventre ? Vous me croirez si je vous dis que dix minutes après la fin de la course il avait repris son rythme de vie… j’étais là où je devais être !

À peine dans la voiture, je remercie toutes les personnes qui m’ont suivie de loin dans cette aventure. Beaucoup de messages en story qui m’ont portée sur la course, c’était tellement formidable de vous avoir avec moi !

Alors, encore une fois, je veux remercier : Océane qui m’a suivie dans mon délire ; Cyrille, Nicolas, Nassir et Benoît qui m’ont supportée durant de nombreux kilomètres ; les organisateurs de la course qui ont été là malgré les difficultés et qui ont rendu cet off juste parfait ; enfin un dernier merci à vous tous qui avez été présents à chaque instant. Sans vous en rendre compte, vous m’avez portée tout au long de ces kilomètres, c’était juste du bonheur.

Merci Nicolas pour la vidéo!

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