ALONG Bikepaking

Along bikepacking est une course, mais pas vraiment, qui relie Paris à Dijon en longeant la Seine. Along est bien un événement bikepacking qui se déroule sur trois jours et deux distances au choix 450 ou 600 km en gravel. Le gravel, c’est quoi ? c’est un vélo de route qui est tombé amoureux d’un VTT et paf ! non ça fait pas Chocapic mais un engin qui ressemble à un vélo de route avec des pneus de VTT. OK, OK, je schématise beaucoup… et pour ceux qui ne savent pas ce qu’est le bikepacking, c’est tout simplement prendre ses affaires de bivouac sur son vélo, ce qui alourdit certes un peu votre monture mais qui vous donne la possibilité de passer des nuits confortables dans la nature. Si vous avez lu l’article « Des montagnes à la capitale » vous comprenez mieux le principe.

Je n’avais pas du tout prévu cette course au programme. Déjà, je venais de recevoir mon vélo gravel à peine deux semaines avant, et je n’ai que quatre sorties au compteur. De plus l’événement était seulement cinq jours après la RAF (le compte rendu de cette course est ICI). J’avais juste prévu de récupérer Polo à Dijon à son arrivée des 600 km après avoir fait la bagarre sur les chemins avec ses copains. Mais, au détour d’une bière et une semaine avant le départ de la RAF, il me dit que ça pourrait être une super idée que je vienne avec lui et que je fasse les 450 km en mode « balade récup » sur trois jours. J’ai dû mettre moins de trois secondes à dire OUI. Je ne comprenais pas vraiment l’idée ; en soi c’était cinq jours après 550 km, mais bon… sur trois jours faire 450 km, je n’y voyais pas trop d’inconvénients, voire j’étais plutôt soulagée de repousser mon blues d’après-course en remontant immédiatement sur un vélo.

Pour ceux qui n’ont pas lu le compte rendu de la Race Across France, j’ai fini avec un poignet bien abîmé et jusqu’au matin du départ de l’Along je ne savais pas du tout si je pouvais prendre le départ ; et je m’étais bien cachée de dire à Polo que j’avais de grosses douleurs au niveau des tendons des chevilles. Mais pour moi c’était un beau chalenge de savoir si seulement après cinq jours je pouvais repartir de plus belle, si mon corps était prêt à subir de nouveau les douleurs qui m’avaient tant fait souffrir sur la RAF.

Veille de la course

On prend le départ depuis Annecy en début d’après-midi avec le van, direction Dijon. Il fait une chaleur écrasante ! Arrivés à Dijon, on range le van près de l’arrivée de l’Along. Polo a prévu de jouer la bataille sans dormir sur les 600 km, autant qu’il ait de quoi se reposer à proximité en arrivant. On finit d’installer les affaires sur nos vélos. Je suis en surchauffe totale avec ce temps… le soleil me fait paniquer et je fais et défais mille fois mes affaires pour, finalement, ne quasiment rien prendre pour dormir… Le confort m’est égal, un bivy et un matelas suffiront, je préfère partir légère.

Direction la gare qui se trouve à quelques kilomètres avec nos vélos, je suis tellement cramée par le soleil que je mets plus de dix minutes à comprendre que nous sommes dans la même gare que lors de notre périple « Des montagnes à la capitale », décidément de soleil me crame les neurones…

On monte dans le train direction Paris !

Arrivés à bon port et sans embûche, ni une ni deux, on remonte sur nos bolides en direction du lieu de rendez-vous de la remise des balises GPS.

Polo qui connaît Paris comme sa poche et qui sans soucis zigzague entre les voitures me distance très rapidement, et moi, autant vous dire que rouler dans Paris, ce n’est pas du tout ma tasse de thé, je flippe à chaque instant de me retrouver sur le capot d’une voiture.

On arrive enfin à la brasserie qui sert de lieu de rendez-vous, autant vous dire qu’on est tous les deux bien contents du choix du lieu ! Balises récupérées et quelques mots échangés avec Pierre, l’organisateur de l’événement, on file prendre une bière et de quoi se restaurer.

Le temps file et nous devons encore traverser Paris pour rejoindre l’appartement des amis de Polo qui nous hébergent. Et c’est reparti pour une course infernale à travers la Capitale…

Arrivés sans encombre, nous sommes reçus comme des princes par nos hôtes. Nous avions nos matelas de bivouac pour dormir, mais c’est sur un canapé bien douillet que nous pourrons passer une courte nuit après cette journée qui m’a achevée !

Jour J

Le réveil sonne un peu au dernier moment comme à notre habitude (toujours en retard…). On se prépare rapidement et c’est parti pour re-re-traverser Paris… Bon, l’avantage, c’est qu’à 7 heures du mat, il n’y a pas un chat… et rapidement on rencontre des cyclistes qui eux aussi sont sur le chemin pour le départ de l’Along. Je sens tout de suite la différence avec la RAF ; on discute tous ensemble, cette ambiance bon enfant me fait un bien fou et me rappelle mes débuts en trail où la camaraderie avait plus de place que les regards en chiens de faïence…

Le départ est donné pour 8 heures, on arrive quelques minutes avant, on remet nos dropbags à l’organisation, un café, un tour dans une boulangerie pour le petit-déjeuner et c’est déjà l’heure de partir.

Derniers bisous à Polo que je ne devrais pas revoir avant trois jours selon mes pronostics de « course ». Tout le monde se lance dans les rues parisiennes, et cette fois mon GPS fonctionne, j’ai pris le temps de comprendre son mode d’emploi, je suis détendue !

Passé les premiers kilomètres dans la circulation, on arrive en bord de Seine, je me retrouve à côté de Sibylle dont m’a parlé Polo. On échange quelques mots, mais rapidement je la dépasse et me retrouve dans un petit groupe de six ou sept cyclistes. Les kilomètres au bord de la Seine passent, c’est ultra-roulant et je n’ai pas de peine à maintenir une bonne allure, je n’ai aucune douleur… bizarrement, le corps a dû tout passer sous off dans l’euphorie du départ.

On passe dans des petits sous-bois et là encore je m’amuse beaucoup, rien de trop technique, mais il faut toujours être en prise pour maintenir l’allure, ce qui est bien différent du vélo de route. Petite chute du vélo après seulement dix ou quinze kilomètres, la roue avant se plante dans une ornière, je n’ai pas le temps de déclipser mes chaussures que je suis déjà au sol. Je remonte vite sur mon vélo et rejoins le groupe avec lequel je suis depuis le début.

Rapidement le groupe s’effile, je suis plus ou moins avec trois ou quatre mecs, mais rapidement je finis solo, profitant de leur pause pipi pour filer. Je me sens tellement bien, au frais dans les bois ! Je tente de regarder le tracker pour donner des infos sur la course à Polo comme il l’a fait sur la RAF pour moi, mais c’est compliqué de piloter et de lui donner des indications en même temps ; on est à moins de deux heures de course, je me dis que ça peut attendre. On prend quelques belles pistes qui me permettent de regarder de plus près le tracker, je comprends que j’arrive bientôt à l’embranchement de la première séparation des 600 et 450 km. Sur cette partie, il y a vingt kilomètres de plus que nous avant de reprendre notre route pour plusieurs kilomètres.

Je fais rapidement le calcul… si je maintiens mon allure, je dois logiquement pouvoir revoir Polo quelques instants avant qu’il ne file bien trop vite pour moi. Cette décision me réjouit tellement que, sans le vouloir, mon allure s’accélère aussi, je remonte quelques cyclistes et passe mon temps à mater le tracker pour être sûre de le voir. Je passe devant un petit ravito organisé par l’organisation, je ne m’y arrête pas et comprends que c’est ici que les deux traces reprennent le même chemin.

Photo @mpellerin 

J’envoie un message à Polo pour l’informer du ravito et lui dire que je suis devant et que l’on va se rejoindre. Il arrive sur le ravito dix minutes après mon passage. Je sais que j’ai de l’avance sur lui, j’en profite pour m’arrêter cinq minutes pour manger mon sandwich, remettre de la crème anti-frottements et m’allumer une cigarette pour repartir aussitôt.

Polo n’est toujours pas revenu, mais, moi, je double pas mal de personnes, encore et toujours, beaucoup se sont arrêtés pour manger, mais moi j’aime trop mon vélo pour en descendre, et comme d’habitude je fais tout depuis mes pédales. Les kilomètres passent et toujours pas de Polo… Je le nargue par message en lui disant qu’il serait peut-être temps de penser à appuyer un peu ! Mais faut croire que M. devient sage, il me répond qu’il arrive mais garde un rythme qui le mènera à la fin des 600 km pour ne pas exploser à la mi-course.

Je comprends, à force de regarder le tracker, que le classement est donné en cliquant sur le nom, oui, mais là je ne comprends pas… je suis deuxième au général ! C’est quoi ce truc ? Ce n’est pas possible, je sors d’une course, je n’ai aucune compétence en gravel et je serais presque en tête de course… ?

Je passe un cycliste posé sur un banc à l’ombre avec une gabette Along, je reprends le tracker, il est affiché que je suis première… donc, c’est bien ça, je marche sur la tête… au même moment je vois la balise de Polo se rapprocher de moi, si tout va bien il est à dix mètres, je tourne la tête et le vois ! Je prends son allure pour faire quelques kilomètres avec lui. On bave tous les deux sur l’envie d’une glace avec cette chaleur. Polo voit sur la trace un village à quelques kilomètres de là. On fait un arrêt au bar, glace et Perrier tranche pour nous rafraîchir. Polo me semble bien fatigué et il m’explique que la chaleur l’a rendu mal sur ce début de course, il a perdu des couleurs, mais je ne m’inquiète pas, je sais qu’on a tous nos coups de mou et qu’il va repartir.

Un nouveau coup d’œil sur le tracker pour voir où sont ses copains de course et je m’aperçois qu’une fille, Maud, qui fait les 450 km, arrive au village où nous sommes, je dis à Polo : « Bon, OK, je ne dois pas faire la course, mais c’est trop tentant. Et puis deux filles en tête, je trouve ça beau. Du coup, ça t’embête pas si je file, et tu me rattrapes sur la trace ? » Ça fait sourire Polo… on est incorrigibles, et me voilà donc repartie pour reprendre la tête de la course, Maud étant seulement quelques kilomètres devant moi. Je file à toute allure sur les chemins, arrive de nouveau à un village, je vois qu’elle y est arrêtée, j’appuie un peu plus pour la distancer pendant sa pause qui n’a été que de quelques minutes. Nouveau coup d’œil sur le tracker, Polo et Maud sont ensemble, ils ne vont pas tarder à me rattraper. Un coup d’œil par-dessus mon épaule et j’entends la roue de Polo juste derrière. Je n’ai pas le temps de lui dire que la deuxième féminine n’est pas loin, qu’elle est à ma hauteur. Tellement contente de nous voir toutes les deux en tête de la distance, que je lui fais part de mon enthousiasme. Nous profitons de quelques kilomètres sur la route pour rouler ensemble. Rapidement, la trace revient dans les sous-bois et si j’ai bien vu qu’elle avait une très belle allure sur la route, je voulais voir ce que ça donnait sur les chemins. Après quelques centaines de mètres, nous l’avons distancée, à moi de ne pas perdre l’allure. Je rigole intérieurement, moi qui devais faire une balade, me voilà de nouveau prise dans le jeu de la course, c’est tellement stimulant de jouer et de repousser ses propres limites que le plaisir passe au-dessus la raison.

Polo me distance après plusieurs kilomètres parcourus ensemble, je ne l’ai plus en visu, nous sommes à plus ou moins cinq kilomètres l’un de l’autre.

Maud n’est pas loin de moi, je retrouve Polo à un ravito offert par l’un des clubs cyclistes du coin, je m’arrête rapidement et repars avec lui.

Il me distance au bout de quelques kilomètres et j’entends des vélos arriver à grande vitesse derrière moi, ce sont Laurent et Guillaume, les deux autres joueurs de la gagne sur les 600 km ; je discute rapidement avec eux, Laurent a aussi mal que moi aux pieds avec ses chaussures et il a la bonne idée de me rappeler qu’à Troyes un bike shop nous y attend pour le ravito si on arrive avant 20 heures, ça me donne une motivation de plus pour ne pas perdre mon allure, mais le temps est chaud et les cailloux blancs des chemins me fatiguent de plus en plus.

J’informe Polo que ses deux compères arrivent pleine balle sur lui et qu’il ne doit pas s’arrêter s’il ne veut pas se faire manger.

Des nouvelles de Polo après plusieurs kilomètres, il a été mangé, mais Guillaume s’est surtout bien amusé à le faire exploser… Il me dit prendre une pause, la chaleur l’épuise lui aussi.

J’arrive sur un chemin et le vois allongé près d’un bosquet en pleine sieste, moins de quatre minutes que j’avais eu son message. Je file sans le déranger pour le laisser récupérer quelques instants. Moi qui pensais ne pas le voir avant trois jours, on est finalement souvent à rouler ensemble.

On se rapproche de Troyes et Polo m’ayant rattrapée, on décide de finir de rouler ensemble pour les derniers kilomètres avant le bike shop. On devrait arriver juste avant la fermeture.

20 heures pétantes, on arrive enfin. Guillaume et Laurent sont arrivés peu de temps avant nous. Je jette mes chaussures loin de moi et dis immédiatement que je ne repartirai pas avec ça aux pieds. Ils ne sont pas restés ouverts pour rien… je prends une bière offerte par le magasin et souffle un coup. Polo qui avait discuté avant moi avec Maud me dit qu’elle dort à Troyes. Je ne suis donc plus inquiète de ma place, et puis première pendant 240 kilomètres, c’est cool, mais maintenant je n’ai plus envie de faire la course, je laisse mecs et filles passer devant moi avec plaisir !

Je vois Polo allongé, épuisé par la journée. Là, je flippe, il est blanc comme un linge… c’est pas bon ça… En discutant avec les premiers des 600 km, on apprend qu’ils dorment tous près de la ville, l’ambiance est bon enfant. Laurent et Guillaume ne sont plus trop chauds pour jouer la gagne et Polo n’est pas dans un super état.

Avec ma nouvelle paire de chaussures aux pieds, on décide tous d’aller manger une pizza un peu plus loin et de voir comment s’organiser pour le lendemain. Le petit groupe part et Polo et moi, le temps de finir de ranger nos affaires, nous retrouvons tous les deux. Sur le chemin de la pizzeria, on tombe sur un restaurant chinois à volonté… On n’a pas besoin de se parler, on tourne direct vers l’orgie qui nous attend pour le ravitaillement !

Dans le restaurant, n’étant que tous les deux, on débriefe. Je lui fais part de mon inquiétude à propos de son état, et lui ses doutes sur l’envie de continuer à jouer la gagne si personne ne roule cette nuit et que ses deux camarades décident eux aussi de la jouer cool sur la suite du parcours.

Après de longues minutes d’échanges et pas mal d’assiettes de ravito, il envoie un message à Laurent : « On continue la course ? » Visiblement lui non plus n’est plus chaud du tout et Polo hésite même à basculer sur les 450 km pour qu’on roule ensemble, on n’a finalement pas loin d’une allure commune, on adore rouler tous les deux et faire nos débiles sur nos vélos.

Polo nous trouve un hôtel pour la nuit et on verra au petit matin ce qu’il fait.

Jour 2

Le réveil a sonné à 5 h 30, mais je l’ai coupé sans me réveiller… J’ouvre les yeux, il est 6 h 30 ! Je réveille Polo pour le lui dire et surtout que s’il veut repartir sur les 600 km et arriver à Dijon ce soir, il ne doit pas traîner. D’un œil mi-clos, il me dit que non, c’est bon, on roule ensemble jusqu’à Dijon, il bascule sur ma distance. OK, là, c’est l’explosion de joie pour moi ! Déjà que je suis du matin, mais là, je saute du lit, bien trop contente ! Je le fatigue déjà par mon excitation matinale mais il finit par sortir du lit ! Direction une boulangerie !

Il est 7 heures passées quand mon nez ne me trompe pas, on passe dans un village et ça sent bon les viennoiseries. Vous allez rire, mais c’est au nez que je la trouve à quelques mètres de la trace du parcours.

On dévalise cette petite boulangerie et nous nous posons à même le sol pour prendre notre festin ! Trente minutes ont passé et c’est reparti. Dans quelques kilomètres commencent les grosses difficultés du parcours avec de belles bosses annoncées !

Ce matin-là, le parcours est rempli de traces dans les hautes herbes ! C’est épuisant, mais l’air est encore frais avant la chaleur qui nous attend, ça fait du bien. On s’arrête souvent pour nettoyer cassettes et dérailleurs qui font office de tondeuses dans les chemins !

Je mate un peu le tracker et vois des concurrents revenir sur moi, je suis encore première et je ne sais pas si je veux jouer la gagne. On en discute avec Polo, on sait qu’on est une bonne équipe tous les deux. On réfléchit à une stratégie et go ! allons jouer ma place, je ne sais pour combien de temps, mais ça nous amuse !

Les kilomètres passent, on ne roule pas toujours ensemble mais on se retrouve souvent autour d’une fontaine. On arrive dans l’un des rares villages de la journée, on cherche de quoi se ravitailler mais la boulangerie est vide, et moi, je fatigue… Je vois le cycliste qui nous talonne arriver sur la place où nous sommes posés. On lui fait signe et il vient à notre rencontre, on échange un peu et décidons de partir tous les trois à la supérette en contrebas de la trace pour nous ravitailler.

Pause et ravitaillement effectués, on repart tous les deux avec Polo. Je n’ai plus trop envie de jouer la gagne, mais Polo me motive quand même. On a commencé les premières difficultés du tracé et les raidards sont vraiment très, très raides !

Les kilomètres passent. Petite erreur de parcours, on se retrouve dans une belle bosse dans les bois et dans les hautes herbes, c’est galère et ça nous fatigue ! De retour sur la bonne trace, on a perdu pas mal de temps et d’énergie, assez rapidement nous sommes rattrapés par le troisième participant.

Une petite portion de route devant nous, Polo envoie les watts et je me mets dans sa roue pour récupérer et reprendre de la vitesse.

Nouveau gros raidard, seulement le cinquième sur les vingt qui nous attendent sur les 120 prochains kilomètres… Ça va être long. La chaleur arrive vite, et une fois en haut de la côte on s’arrête recharger en eau et souffler un instant. C’est à ce moment-là que trois participants reviennent vers nous. Ils font partie du groupe que je suivais hier matin. Ils roulent très fort, et je dis aussitôt à Polo que j’arrête de faire joujou avec le classement, j’ai perdu beaucoup de jus sur ces premiers kilomètres ce matin, je ne tiendrai pas l’allure jusqu’à la fin.

On change de stratégie et l’objectif sera de tenir la chaleur, manger des glaces et arriver à Dijon à la fin de journée.

Photo @izoard_ju

On arrive à… On se retrouve de nouveau tous les cinq. Arrêt boulangerie. On se pose de pour vrai, un peu trop même. Alors que les trois coureurs repartent après presque une heure de pause, Polo ne semble pas motivé pour repartir tout de suite, et moi, j’en profite pour dormir sur un banc… Je me réveille après de longues minutes, il fait très chaud, je vois Polo dormir sur le trottoir. Oui, en ultra, faut pas avoir peur de dormir vraiment n’importe où… Je comate encore sur mon banc quand un passant visiblement étranger tente de communiquer avec moi, je comprends qu’il me propose ses chaussures en échange des miennes qui sont posées à quelques mètres de moi. Sur le coup, je ne comprends pas… Il m’explique que ses chaussures sont moins lourdes que les miennes et que ce serait mieux si je suis fatiguée. Je rigole et lui explique que sa paire de chaussures de randonnée Décathlon premier prix est moins lourde mais ne dispose pas des cales pour les pédales autobloquantes. Encore une anecdote plutôt loufoque !

Je me bouge et réveille Polo. On est posés depuis deux heures, faut qu’on bouge maintenant !

On repart difficilement, directement dans un raidard, la chaleur est écrasante ! Les kilomètres ne passent pas. Au détour d’une bosse on arrive près d’un lavoir, arrêt immédiat pour rafraîchir les machines ! On est morts par cette chaleur. Vingt minutes de pause et ça repart !

Plus d’une heure pour parcourir dix kilomètres, je suis morte, écrasée par cette chaleur. Polo m’attend beaucoup et je lui dis que je suis inquiète, je ne transpire plus du tout malgré les 40 °C que nous subissons… je suis blanche et je tremble… Polo nous arrête, on doit trouver de quoi me ravitailler et me faire dormir, mais nous ne passons plus par un village et pour trouver encore un truc ouvert, nous devons sortir de la trace.

Je ne suis plus trop lucide et lui dis que non, ce n’est pas grave, il ne reste que 80 km, ça va aller… Ça ne va pas du tout, mais je suis relativement bête quand je le veux, et je me dis que ça va finir par passer, que je finirai par faire passer ce coup de chaud… Mais je suis dans le même état que lui la veille, complètement déshydratée…

Il prend la bonne décision, nous quittons la trace et arrivons après 10 km dans un village avec une supérette encore ouverte. Ravito fait, on se pose sur la place du village, à l’ombre. Je mange comme dix et bois plus d’un litre de flotte !

On échange avec Polo sur la suite du parcours, faut-il vraiment reprendre la trace où couper au plus court pour me ramener plus vite au van ? Dans mon état, je lui dis que je ne peux pas prendre de décision rationnelle, et que je ne veux pas le faire couper… Quelques instants plus tard, je tombe d’épuisement dans un profond sommeil sur le banc.

Je me réveille plus de trente minutes après… je suis dans les vapes… Polo a bien réfléchi, on arrête là. Il propose un itinéraire sur route de 50 km pour nous ramener à Dijon au plus vite, il est 20 heures et l’air est toujours aussi brûlant… mais dans quelques heures il fera peut-être frais…

Je reprends mes esprits et nous, la route. J’ai du mal, Polo me donne souvent le nombre de kilomètres qui nous reste, au bout d’un moment je craque : « S’il te plaît, arrête de me dire ce qu’il reste, j’ai l’impression qu’on va jamais arriver… j’ai chaud, je suis fatiguée et j’ai l’impression de me traîner. »

Polo arrive à me motiver, me montre la trace et je passe pas mal de temps dans sa roue. Le temps se rafraîchit, je reprends vie… On avale de belles bosses, sans la chaleur c’est un nouveau mode pour moi !

Je vois les lumières de Dijon au loin ! L’euphorie revient et me voilà à rouler pleine caisse ! Polo rigole et me dit que je me moque bien de lui, 40 km/h sur le plat… oui, je veux vite arriver et il fait enfin bon !

Dijon, il est presque minuit. Heureux d’être arrivés, personne ne nous attend, mais on sait qu’il est encore temps pour un taco et une bière… On se pose quelques minutes sur un banc, près du camping de la ville. Je dis à Polo que pour une douche il nous faut juste trouver un point d’eau et je pourrai charger la douche du van. C’est à ce moment qu’un passant s’adresse à nous pour nous proposer le code d’accès au camping… le rêve !

On reste le lendemain pour voir l’arrivée des participants et surtout participer à la soirée Along.

C’est l’occasion d’un bon moment entre participants où la bière coule à flots et la bonne humeur est de mise.

Je gagne même une belle sacoche de selle à la tombola, le cadeau idéal pour moi qui pique celle de Polo à chaque fois.

Merci aux organisateurs et participants pour ce bel événement ! Quel plaisir de voir autant de bonheur, de bonne humeur et des gens aussi fous que nous !

À l’année prochaine !

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