Des Montagne à la Capitale

Je passe des heures sur mon vélo, depuis des années, c’est un moyen de locomotion mais aussi une source de défis et d’aventures.

Aujourd’hui, je vous embarque non pas avec moi mais avec nous (j’ai trouvé aussi fou que moi, visiblement) pour une idée – pas si folle que ça – qui nous a pris de rejoindre Annecy, notre ville de résidence, à Paris.

Pourquoi ce trajet ? Nous travaillons tous les deux pour la boîte Chilowé qui organise mi-juin un Festival à Paris, et quoi de mieux que de porter le drapeau du festival à vélo ?

Lui, c’est Paul, alias Polo à vélo, nos roues se sont croisées pendant une pause déjeuner et depuis on enchaîne les kilomètres et les bêtises sur nos bikes.

Bon, vous avez suffisamment de contexte pour commencer à rouler !

Quelques heures avant le jour J

Il est 22 heures, on est dans le garage de Polo… le câble de dérailleur de son vélo vient de lâcher, et on est censé partir le lendemain matin… Après deux heures de mécanique, nos esprits ne sont pas super sereins. Son vélo est prêt mais on n’a toujours pas préparé les sacoches ni nos affaires pour l’aventure !

Il est 1 heure du mat… on finira demain matin !

Jour J

Départ prévu du bureau à 9 heures… Il est 8 h 50, on est toujours à l’appartement, les sacoches ne sont toujours pas sur les vélos et on est chacun avec un café à la main… pas sûr qu’on arrive à l’heure pour le shooting photo du départ !

9 h 10, on enfourche nos bikes, direction le bord du lac pour immortaliser notre départ. On arrive avec 20 minutes de retard, chez nous ça finit par être une habitude les retards…

9 h 35, photos prises et story tournée, direction le bureau pour le petit-déjeuner et le café ! Les filles hallucinent que l’on soit si peu chargé pour trois jours de route. Nous, on a l’impression d’avoir pris une maison sur nos bolides.

On a décidé de parcourir ces 650 km en mode cool. On roule, mais la nuit on plante la tente et on dort, histoire d’arriver plutôt frais pour le week-end qui s’annonce intense pour le festival.

10 heures, on monte enfin sur nos vélos, on a fini de rafistoler celui de Polo avec de la Patafix… oui, oui, vous avez bien lu, de la Patafix ! (même que c’est mon idée…) pour sertir le câble de dérailleur qui commençait déjà à s’effilocher. Vive l’équipe de bras cassés… on aime l’aventure, que voulez-vous !

La sortie d’Annecy est relativement dense dans ce flux de voitures, mais rapidement nous prenons des petites routes vallonnées en direction du Jura. La chaleur est déjà bien présente. Premier arrêt pharmacie au bout de quelques kilomètres pour acheter de la crème solaire, alliée indispensable de ce périple, et anti vomitif pour moi… je me connais trop bien avec mon état nauséeux après des heures d’efforts.

Première grosse bosse avec le plateau de Retord, une chaleur étouffante, les bidons se vident plus vite que les kilomètres… On arrive en haut du plateau juste à temps pour mon call avec l’un de mes clients, c’est bien de pédaler mais faut pas oublier de bosser !

On arrive aux abords du lac de Nantua déjà bien cramés, il est bientôt 15 heures, le soleil est de plomb et on a perdu énormément de sels minéraux en transpirant. C’est la bonne heure pour faire la pause bouffe. On tombe sur une fête foraine près du lac, rien de mieux qu’un bon américain et des frites pour recharger en énergie et en sel !

Sandwiches engloutis et deux litres de flotte plus tard, on repart en direction du Jura, on comprend vite que la chaleur va ralentir considérablement notre progression vers Paris.

Les kilomètres passent plus ou moins vite avec le dénivelé. Quand je fatigue trop et que la route est suffisamment plate, je me cale dans la roue de Polo pour souffler un peu… enfin souffler, c’est vite dit ! Je tiens tant bien que mal son allure qui est 2 km/h au-dessus de la mienne. Même si être coupée du vent me soulage, il faut quand même envoyer des watts pour le suivre, le bougre !

Il est 19 heures, je commence sévèrement à fatiguer, le Jura et le soleil ne m’épargnent pas. Je fais toujours la con sur mon vélo, mais clairement Polo m’attend souvent en haut des cols.

On arrive dans un petit bled paumé, mais suffisamment animé pour espérer pouvoir manger, un bar est ouvert ! Je m’échoue à la terrasse ! Je commande un café et un Perrier pour tenter de me ranimer !

Juste en face, un kebab nous tend les bras ! On change de crémerie et ça part en casse-dalle d’urgence pour reprendre vie !

Un coup de toilette pour enlever un peu de ce sel qui recouvre mon corps ; on recharge les bidons et on remonte en selle. L’air est devenu plus frais, il est 20 heures passées et le soleil commence à descendre sur l’horizon.

Le paysage est magnifique ! On reprend du poil de la bête ! Fini le Jura, finie la chaleur ; ça roule !

Après douze heures de roulage… moment fatidique pour moi, je ne peux y échapper, je pars en cacahouète… Pour vous dire la vérité, je ne me souviens pas de grand-chose. Il fait nuit, on arrive aux abords d’un village très animé. Polo connaît mon état et me propose un arrêt pour boire un verre dans un bar. J’hésite… puis me laisse tenter, faut vraiment que je prenne un café. On n’a pas suffisamment roulé pour déjà bivouaquer, la nuit sera encore longue !

J’arrive à ce bar complètement vidée, j’ai du mal à articuler une phrase, la serveuse pense réellement que je suis bourrée, et moi je ris de cet état dans lequel je suis… j’ai juste le temps de demander un Perrier et un café que je m’endors sur la table… Polo, lui, est à la bière !

La serveuse veut absolument me réveiller de peur de mon café soit froid… Là, je veux juste dormir…

Je me réveille après dix minutes de sieste. Je prends mon café et mon Perrier, et allez… c’est reparti, je reprends vie ! Il est minuit passé, go pour rouler de nuit !

On roule une bonne heure, c’est agréable, c’est frais, j’ai la musique à fond dans les oreilles, que du bonheur !

Il est bientôt 2 heures du mat, on cherche un endroit pour se laver et dormir… On passe des ruisseaux, des fontaines et des villages, mais Polo trouve toujours les mots pour me faire faire encore quelques kilomètres…

Il est 2 heures maintenant, on repère un camping à 20 km, ça sera notre point de chute pour la première journée ! On passe devant un kiosque à pizzas qui malheureusement pour nous est hors service… mais on a mis pied à terre et c’est Polo qui a un coup de mou… Je le vois se poser sur le trottoir et je comprends que c’est chacun son tour… Il s’endort une dizaine de minutes. Suffisamment pour repartir ? Je le vois chercher de nouveau un point de chute pour notre nuit…

Ah non ! on ne change pas les plans. J’insiste pour aller jusqu’au point qu’on s’est fixé, chacun notre coup dur, mais l’un est toujours là pour entraîner l’autre, et c’est comme ça qu’on avance !

Il est 3 heures, on arrive enfin ! Après une bonne douche, on cherche un petit coin pour se poser, le camping est bondé ! On finit par monter notre tente entre deux caravanes. Il nous faut moins de trois minutes pour trouver le sommeil !

Jour 2

Le réveil n’est pas si compliqué, il est juste 7 heures, aucune douleur physique, on a juste faim…

On remballe le matos, j’en profite pour laver ma tenue de la veille et en enfiler une nouvelle, et… feu ! Premier arrêt dans une boulangerie quelques kilomètres plus loin. Ça part en farandole de viennoiseries, mais pas suffisamment consistantes pour vraiment rallumer les machines !

On monte sur nos vélos, on sait que la journée va être longue et chaude : on a prévu de parcourir 300 km, c’est optimiste, mais le Jura étant passé, ça va dérouler !

On arrive rapidement dans les vignobles de la route des vins de Bourgogne. Cette route est juste magnifique ! Polo a pris pas mal d’avance ; moi, je me cale à mon rythme en profitant du paysage.

J’arrive dans un petit hameau et manque de me faire renverser par une voiture tout en me faisant klaxonner et insulter… ça ne m’avait pas manqué !

On arrive dans le beau village de Beaune. Arrêt boulangerie et café, ça fait du bien, mais comme toujours, quand on est tous les deux, les arrêts sont très longs… Polo n’est pas au top de sa forme et s’endort devant son café… la fine équipe !

Déjà une heure et demie qu’on est posé, faut qu’on avance ! On sait que vu la chaleur, c’est de nuit qu’on va borner le plus !

On reprend les bikes, mais la chaleur est étouffante, direction une belle bosse qui nous vide très rapidement nos réserves en eau, on tombe par chance devant une fontaine… non potable… On prend quand même le temps de se rafraîchir et c’est reparti !

Deux kilomètres plus tard, en plein milieu du pétard, Polo déraille. Rien d’alarmant, mais il a beau remettre sa chaîne, ça ne tient pas ! On est en plein milieu d’une côte en plein soleil et sans réseau ! On fait quoi ?

Je reprends la route en solo en direction du col en espérant trouver du réseau. La route est plus ombragée, c’est vivable. Réseau retrouvé, je cherche un shop vélo à proximité… Rien, mis à part revenir sur nos pas pour retrouver le village de notre arrêt prolongé.

Je retrouve Polo qui n’a pas bougé, et bien agacé par la situation. Pour lui c’est la chaîne… pour moi le plateau de pédalier qui est foiré. Mais bon, rien ne sert de polémiquer pendant des heures, on n’a qu’une solution, reprendre la descente et revenir au village à 20 km de là. Polo est en draisienne, la pente le rend autonome, mais rapidement je me retrouve à le tracter ou à le pousser… on part dans un fou rire !

Ça fait dix minutes que je le tracte, quand je l’entends me dire : « Mais, attends, j’ai une dent qui est décalée »… J’ai le sourire de celle qui a raison, on va pas se le cacher… On s’arrête, il remet cette dent dans l’axe et… c’est magique, ça refonctionne !

Bon… on a perdu plus de deux heures avec ces bêtises, là, on ne sera jamais à temps demain à Paris ! On continue de revenir sur nos pas pour trouver une gare et prendre un train qui nous ferait gagner quelques kilomètres.

Il est 16 h 30, on est enfin dans le train qui nous coupe 100 km de notre tracé. Arrivés à la gare de destination et après une sieste dans le train d’une bonne heure, nous voilà de nouveau dans la fournaise. On est rassuré de savoir que rien n’est vraiment cassé sur le vélo de Polo et que potentiellement on arrivera à l’heure à Paris ; mais faut pas qu’on traîne et on doit rouler !

On prend un rythme tranquille, il fait trop chaud pour envoyer des watts encore. Rapidement, on arrive au bord du canal de Bourgogne, l’air est plus doux et le chemin est ombragé. On passe en mode Gravel qui réjouit Polo et qui moi clairement avec mon vélo de route ne me rassure pas du tout !

20 heures, arrêt kebab oblige pour se recharger pour la nuit qui nous attend à rouler. La trace est plate. On roule plutôt bien même si je commence à avoir de grosses douleurs dues aux frottements à l’intérieur des cuisses…

La nuit est tombée, les kilomètres défilent sur une route monotone, on ne passe pas un village, pas une âme qui vive !

Il est 1 h 30 du mat, Polo est loin devant moi, et là, j’ai envie de dormir ! Je reprends de la vitesse pour le rattraper et lui proposer qu’on dorme dans quelques kilomètres. Mais ici, à part des champs qui rendent l’air glacé, rien… Les kilomètres passent, et toujours rien… On tombe sur une petite cabane au bord de la route, le coin rêvé pour dormir ! Oui, mais mon côté femme du bâtiment me fait comprendre que cette cabane et en pleins travaux, les bandes sur le placo viennent d’être posées et potentiellement, demain matin à 8 heures on a les mecs du chantier qui débarquent ! Allez, c’est reparti pour rouler…

On tombe enfin sur un bosquet ! On prend les vélos sur l’épaule et on s’enfonce un peu plus loin dans le bois, jusqu’à trouver un semblant de plat pour y monter la tente.

Une toilette de chat avec l’eau des bidons et dodo !

Jour 3

On se réveille doucement de cette petite nuit, nous n’avons plus que 60 km à parcourir, mais le temps passe vite, on replie notre hôtel sauvage et direction le premier village pour le petit-déjeuner.

Une part de flan et ça repart ! On est vite dans la circulation et je ne suis pas du tout rassurée de rouler sur ces routes ! Je demande à Polo de pas trop prendre d’avance, histoire déjà de me mettre un peu dans sa roue ; et puis les voitures m’inquiètent vraiment, je ne suis pas habituée à rouler dans tant de circulation aux portes de Paris !

Les kilomètres passent mais pas suffisamment vite… on rejoint un cycliste avec qui l’on fait quelques kilomètres, je suis bien au-delà de ma vitesse, et je vais rapidement le payer !

Gros coup dur en fin de matinée, heureusement la Capitale est tout près !

On arrive enfin sur les quais de Seine. Je rêve de manger et de me laver. Il fait une chaleur étouffante et s’immerger dans une population de dingue après deux jours solos sur nos vélos, c’est étrange.

Polo connaît Paris comme sa poche et je peine à le suivre.

Mais nous y voilà, nous arrivons aux portes du festival de Chilowé après 560 km au compteur !

On aura à peine le temps de se remettre de notre périple que quelques heures après une bonne douche, une bière et un bon repas, nous sommes sur le pont pour commencer les préparations du week-end qui s’annonce intense !

J’espère ne pas avoir trop perdu la main sur le récit de mes aventures. Merci la vie de m’avoir permis de rencontrer des personnes aussi folles que moi. Un grand merci à Chilowé et toute son équipe sans qui ce projet ne nous serait jamais venu à l’esprit.

Après 560 km, on a eu le temps de penser à d’autres sorties bikepacking et je peux déjà vous dire que l’été sera chaud et rempli de kilomètres, pour mon plus grand plaisir !

Si vous voulez voir ou écouter l’aventure, je vous laisse découvrir la vidéo de Polo à vélo

À bientôt, et surtout… n’oubliez pas de vivre d’aventures !

2 Comments

  1. […] la possibilité de passer des nuits confortables dans la nature. Si vous avez lu l’article « Des montagnes à la capitale » vous comprenez mieux le […]

  2. […] que l’on ne puisse pas vivre des aventures à vélo de route, et mon article sur la RAF et d’Annecy à Paris démontre bien que l’aventure peut se cacher n’importe où, j’étais vraiment en manque de […]

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